Manuela Morgaine, artiste, cinéaste, écrivain lit je ne chasse pas sur mon territoire

Je suis née là où on ne m’attendait pas.
Je ne dis pas que je n’étais pas attendue, mais que rien ne s’est passé comme prévu.

C’est parce qu’il y a chez nous de terribles tourbières.

Et que ma mère avait coutume de se promener librement.

C’est important que tu le saches. Tu dois savoir d’où tu viens. Tu ne dois par rougir.
Je n’aurai pas le temps de te parler de sa liberté. De la liberté.
Tu décideras seul si tu dois en être l’esclave ou le maître.
Comme tu es un homme, tu n’auras pas à justifier ton choix.
C’est déjà ça.

Claire Cecchini lit un extrait de je ne chasse pas sur mon territoire.

J’ai vu une mouche se poser sur la soucoupe de sa tasse de thé, comme pour me narguer, et je n’ai plus pensé qu’à ça, à la mouche, à ma capacité ou non de l’attraper. J’ai attendu qu’elle s’assoupisse un peu, qu’elle baisse la garde, qu’elle se concentre sur l’exploration de la soucoupe tachée. Ma main a plongé subitement, renversant sur son passage la tasse et le thé sur le sol. Surprise, ma belle-sœur a crié en même temps que moi. J’exultais, ne me résolvais pas à ouvrir ma main de peur que ma proie s’envole, cherchais stratégiquement comment l’écraser entre mes deux paumes sans qu’elle profite d’une faille pour s’échapper. À un moment, j’ai senti entre mes doigts son corps croustiller.

Emilie Gäbele lit un extrait de je ne chasse pas sur mon territoire.

Laissez-moi faire, je ne peux pas tout annoncer d’un coup, sinon vous n’envisagerez jamais les choses de mon point de vue. Je voudrais que vous compreniez comment j’en suis arrivée là et pour cela, il faut que vous ayez tous les éléments en main. Un procès gomme les aspérités, efface les creux, compresse la réalité. Alors que c’est dans ses subtilités, ses excroissances, que se niche la vérité. Et gardez en tête l’intitulé de ma requête -je ne chasse pas sur mon territoire- sa promesse, les interrogations qu’il soulève, le malaise qu’il a peut-être provoqué ou au contraire le léger sourire auquel il vous a contraint de céder.

Le carnet et les instants pose des mots sur je ne chasse pas sur mon territoire

« Ce roman, sombre et lumineux, désespéré et drôle, a quelque chose de minéral et d’organique. La langue est tout à la fois pure et crue. L’auteure nous offre de belles descriptions, quasi picturales. Tout comme son précédent texte, Chambre avec vue, ce troisième roman d’Astrid Chaffringeon est publié aux éditions Éléments de langage, comptoir éditorial indépendant spécialisé dans les OLNI (objets littéraires non identifiés) »

je ne chasse pas sur mon territoire en librairie dès le 16 octobre

Ce  roman a été  achevé  en juin 2019. C’est important de le dire parce qu’à ce  moment, nous étions loin de savoir collectivement ce que voulait dire confinement et la  narratrice écrit d’une prison. À ce moment, je concevais intellectuellement la façon dont la peur et la  violence peuvent s’alimenter, mais  je ne l’avais pas […]