
How to become a ghost
Lorsqu’une maison devient une prison, au Japon, certaines pensent à l’évasion. En imposant leur radicale disparition. Avant de prendre la liberté, dont on les a tellement privées, de revenir errer sur les lieux pour infliger à leur mari, au-delà de la peur, une éprouvante nostalgie du temps passé et susciter peine et regrets. Et pour s’amuser un peu aussi.
Dans cette série d’autoportraits, France Dubois s’est laissé hanter par les projets macabres des défuntes d’une maison traditionnelle japonaise et a posé ça et là leurs silhouettes atones ou en flottaison comme autant de conversations et de jeux funèbres où chaque apparition est le prétexte au début d’un roman domestique.
Pour répondre poétiquement à la série de l’artiste, Astrid Chaffringeon a imaginé des bribes de conversations ou de soliloques qui seraient restés coincés entre deux murs et reviendraient hanter les lieux pour témoigner de leur présence passée. France Dubois en a tiré un livret.
Ce livret, textes Astrid Chaffringeon et photographies France Dubois, a été édité par Atelier Ooblik et sera vendu 25 €dans le cadre de l’exposition.

Hier nous avons évité le drame.
De justesse, c’est comme cela que l’on dit. Je ne sais pas ce qui est juste dans l’évitement d’un drame et si cela participe à la bonne tenue de la société et de la vie qui va de soi. Je ne sais pas si cette possibilité de drame, son avènement, ne portait pas en soi un vieux sujet que je tente de lui faire expier. Pour me justifier, j’ai même été tentée de dire que tu l’avais bien cherché et qu’il fallait de toutes façons s’en méfier. Même s’il ne s’est pas révélé, le drame t’appartenait en quelque sorte.
Et cela faisait un moment que je sentais qu’il couvait.