Comment débuterait le récit de tes origines ?
Au commencement étaient les marraines qui se sont penchées sur mon berceau, des monstres sacrés aussi légers à porter que des menhirs…
Que poserais-tu sur ta carte d’identité artistique?
Mes empreintes digitales, cinq doigts et cinq couleurs de prédilection : le rouge – pour le dégoût et l’organique, la couleur chair – pour l’attraction, le noir – pour l’absolu, le brun – pour le bois et la nature, le blanc – pour la pureté et les os.
Une fibre pour tisser ton arbre généalogique ?
De la soie d’araignée, fine et collante
Un bijou de famille dont tu ne peux te séparer ?
Je n’aime pas les bijoux ; dès que j’en mets un, je le perds ou je le casse
Parle-nous de ta tribu…
Pas besoin : elle est là, devant vos yeux
L’objet fétiche qui t’accompagne partout ?
Mes antennes, mon intuition. Concrètement : deux minuscules photos de mes enfants.
Une amulette sans queue ni tête ?
Les gardiens de mon atelier : deux fétiches africains grimaçants acquis à Londres
Quelle est l’histoire que tu préfères te raconter ?
Je suis une grande sorcière-magicienne dont les pouvoirs vont guérir le monde…
La fable de tes émois ?
Les souliers rouges de la Belle au bois hurlant
Ton rituel pour dormir debout ?
Je travaille en dormant. Juste avant de sombrer, je rêve de mes créations
Quels sont tes organes de pouvoir ?
Je préférerais avoir tout pouvoir sur mes organes
L’organe que tu voudrais te greffer ?
Il suffit de regarder ma sculpture Maladie d’amour pour le savoir !
Le point faible de ton ossature ?
Un point entre les omoplates ; sans doute lié à la frustration de ne pas pouvoir m’envoler
En ce moment, quelles sont tes palpitations organiques?
J’ai un faible ces temps-ci pour la beauté de l’intérieur du corps, sa poésie crue. Sans la peau qui nous recouvre et nous protège, que serions-nous, à quoi ressemblerions-nous ?
Que sais-tu de tes certitudes ?
Bien que ça m’angoisse profondément de le reconnaître, il n’y a aucune certitude possible
Et de l’envers du décor?
J’y ai heureusement accès régulièrement, à chaque fois que je me mets à dessiner et à sculpter
Tes projets cette année ?
Je souhaite développer mon projet d’installation autour des Cocons, initié lors du Festival du Lin en juillet dernier. Et poursuivre mon travail autour de l’intérieur du corps et de l’hybridation.
Et dans l’immédiat, expo collective à Paris en décembre, avec l’association Parisian’east.